Projection

A Symphony of Noise

documentaire par Enrique Sánchez Lansch

Il manquait un film sur Matthew Herbert, le voici ! Au diapason des mille facettes de ce pionnier en matière d’expérimentations électroniques tout azimut, nous voici dans le cerveau génial et forcément en surchauffe de cet artiste obsédé désormais par le son de l’univers.

 

Ouvrir nos oreilles pour enrichir nos pensées, tel est le dessein de Matthew Herbert. Pendant dix ans, Enrique Sánchez Lansch a observé ce compositeur britannique prolifique, qui a marqué les années laptop du début des années 2000 par son obsession pour les sons analogiques (de viande, entre autres). On le connaît aussi pour ses orchestrations vitaminées, avec son Big Band ou en solo, pour des projets plus techno qui en ont fait l’un des DJ les plus prisés. Pour cet artiste unique en son genre, la musique est partout, et les machines ne sont que des accessoires pour retranscrire une expérience sensible et personnelle du monde. On redécouvre aussi sa démarche tout à la fois critique et collective, avec le projet Brexit Big band, une réunion d’artistes venant de toute l’Europe, qui s’érige joyeusement contre les replis nationaux. Herbert a aussi un côté Quichotte, ce qui est plus nouveau, pour sa façon d’enregistrer la musique d’un arbre centenaire ou de traverser la Manche à la nage depuis Calais.

 

Herbert se livre avec une rare générosité dans ce portrait au long cours. On le voit aussi bien très solaire chef d’orchestre, charismatique et précis lorsqu’il collabore avec d’autres artistes que muré dans ses réflexions sur l’art ou sur sa propre place dans le monde. C’est toute la puissance et la fragilité de la création qui sont convoquées dans ce film à regarder comme un manifeste, celui d’une création artistique affranchie de toute règle.

 

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Projection (18h00) suivie du concert de Jason Sharp